19 mars 2011

Chapitre 1 : Dans la demeure de da Vinci

Mais déjà laissez moi vous faire visiter mon humble demeure.
La maison d’un homme est le musée de son passé. Meubles, tableaux, tapis, sculptures et peintures témoignent des souvenirs qui peuplent ma vie.
Tout mon mobilier emprunte ses formes à l’architecture antique : fronton, entablement, colonne, pilastre, arcade, Les motifs ornementaux sont variés : putti, mascarons, cartouches, cuirs découpés, médaillons, miroirs, guirlandes, rubans noués, entrelacs, corbeilles de fleurs et de fruits, chutes de piastres.

Regardez par exemple ce meuble de rangement décoré de délicats et colorés Putti, ces angelots dont les adorables visages sont inspirés de celui de Cupidon, il était il y encore peu la propriété des Vitelli de Citta Castello qui me le cédèrent quand ils furent ruinés.

Regardez aussi ces six fauteuils qui entourent la table dont les hauts dossiers sont faits de cuir gaufré, piqué de gros clous dorés. Sous les sièges deux bandeaux sculptés forment la décoration et si vous les observez avec attention ils portent les armoiries de la Maison des Calvani. Ici, ce dressoir pour ranger la vaisselle décoré d’arabesques et de compositions florales de feuillages légers avec des tiges très fines, rubans noués, vasques ou candélabres avec des motifs animaliers ou mythiques est l'œuvre de Philippe Brunelleshi.

Dans ma maison il y encore peu, vous auriez croisé lors des fêtes que je donnais des banquiers, aristocrates, vizirs, armateurs et navigateurs. J’étais l’ami de Paolo Zeno et de Luciano Oddo, des deux frêres Pollenta de Ravenne, ou des membres de la très influente et respectable famille des Traversari, et des Bonacolsi de Mantoue ou des Casaloldo, et les Guelfucci.

Vous le voyez je ne manque de rien. Je suis né pauvre et mourrai nanti. Oui je suis encore jeune, puissant et riche. Pourtant je mourrai bientôt. Au mois de mai de cette année. Il me reste six semaines à vivre. Les médecins qui me visitent chaque jour viennent de m'informer que la maladie qui me ronge n’a pas d’issue.

Je partirai alors en gondole sur la lagune vers l’île Murano. C’est là que se trouve le cimetière San Michele. Vous ne pouvez pas vous tromper l’enceinte de ce paradis est cernée de hauts murs en terre brune d’où dépassent de longs cyprès vert sombre.
Mais ne prenez pas ces visages de circonstance, mourir, quelle importance lorsqu’on a vécu mille aventures.
Et puis nous sommes à Venezia à la veille du Carnavale.
A minuit vous ne verrez pas mes larmes, nous porterons tous des masques.

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