27 mars 2011

Chapitre 9 : À la troisième heure de la nuit

Vinci

— Mon ami Léonardo da Vinci, est né le le samedi 15 avril 1452 « à la troisième heure de la nuit », c'est-à-dire trois heures après l'Ave Maria, au château de Vinci près de Florence, d’une relation amoureuse illégitime entre son père, Messer Piero Fruosino di Antonio da Vinci, notaire, chancelier et ambassadeur de la République florentine et descendant d’une riche famille de notables italiens, et sa mère, Caterina, la fille adoptive d'humbles paysans, dans le petit village toscan d’Anchiano, un village situé à deux kilomètres de Vinci.
Le plus grand des hasards a voulu que nous naquîmes presque le même jour. Ma mère était une putain, la mère de Léonardo, Caterina, était une esclave venue du Moyen-Orient. Vous comprendrez que cela crée des liens. Ma mère, après ma naissance, dut s’exiler dans le village voisin d’Anchiano aussi firent-elles rapidement connaissance et devinrent de fidèles amies de fortune.
Fils de putain, je ne fus pas baptisé et devais porter comme tous les bâtards le nom du village où je naquis. Leonardo, fils de noble, fut baptisé et reçut donc un prénom. Pour nous distinguer les villageois nous donnèrent les noms de « Léonardo » et « da Vinci » et nous devinrent amis.

Da Vinci s’interrompit et ajouta :
— Antonella reprenez je vous en prie des Pescestocco alla Messinese, je vois que vous les appréciez. Eleana n’aime pas voir revenir ses plats en cuisine sans qu’ils soient terminés. Sinon elle boude et nous aurons du bouillon d’eau claire pour le dîner. Quand à vous, Anselmo, soyez aimable et servez nous du vin. Voyez combien ce nectar sicilien gorgé de soleil de Méditerranée rosit joliment les joues de votre belle amie.

Antonella rougit sous la chaleur du compliment et sourit avec grâce. Da Vinci l’observait du coin de l’œil, épiant sa spontanéité et sa timidité à l’heure de poser des questions :

— Ainsi Eleana nous a informé que vous nous avez alloué le très joli bureau du premier étage? Nous nous sentons terriblement gênés d’abuser ainsi de votre hospitalité.

Anselmo opina en silence en signe d’approbation mais Da Vinci ne lui laissa pas le temps de protester :

— Vous y serez à votre aise pour mener vos travaux.
— Je suis désolée, j’ai interrompu votre récit, je vous en prie continuez, ajouta Antonella le regard suppliant.

DA Vinci ne bouda pas son plaisir :

— Nos mères n’eurent pas le loisir de nous éduquer. A l’âge de sept mois, à peine droits sur nos jambes Leonardo et moi découvrîmes la liberté. La campagne est un espace merveilleux pour deux jeunes esprits innocents avides de découvrir l’univers. La nature est la plus belle des écoles buissonnière. On y apprends à observer, écouter, sentir, rêver...
Leonardo était doué. Dois-je vous en convaincre. Il n’avait pas un an quand il découvrit un nid d’abeille et à force de patience réussit à en extraire le miel. Il ne cédait devant aucune difficulté. Pas un danger ne le dissuadait de s’écarter de l’objectif qu’il s’était assigné. Chaque heure passée en sa compagnie était une prodigieuse aventure pleine d’enseignement. C’est avec lui que j’ai tout appris ce que je sais.

Da Vinci, but alors un peu de vin et ajouta :

— Un enfant peut être un génie avant d'atteindre l’âge d’un an. Mais seul un ami du même âge peut le découvrir et en garder jalousement le secret. Les adultes ne comprennent jamais rien aux enfants.
C’est au nom de cette parfaite complicité que nous sommes devenus frères jumeaux. Je sais tout de lui. Il n’est pas un secret qui ne soit partagé.

A ces mots, Antonella et Anselmo, en un ensemble parfait, tournèrent leur regard vers da Vinci qui feignit, le nez dans son assiette, d’ignorer ce qu’il avait provoqué.

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