28 mars 2011

Chapitre 10 : Sinbad the Sailor

"Le Nomade"


Les yeux fermés, serrant ses mains dans les siennes, Anselmo embrasse Antonella pendant qu’il l’attire doucement vers lui. Ses lèvres se posent tendrement sur sa tempe là où le duvet soyeux de sa chevelure dessine un délicat accroche-cœur qu’elle avait fixé avec de l’eau sucrée. Sur sa joue ses lèvres déposent un baiser si doux qu’Antonella soupire de bonheur, enfin elles frôlent les siennes avec tant de retenue qu’Antonella doute un court instant avant de le repousser pour ne pas céder à la tentation.

— Anselmo, je t’en supplie. Nous ne devrions pas. J’ai promis à mon père.
— Pardonne moi je t’en supplie. N’est-il rien de plus naturel que d'aimer ce qui est si aimable ?
— Anselmo, proteste en rougissant la jeune fille, je déteste tes baisers et je te rappelle que nous sommes ici pour étudier et mener notre enquête, avant d’éclater d’un grand rire, en voyant la mine déconfite de son amant.

Peu après le déjeuner, alors que da Vinci se retirait dans ses appartements, les deux jeunes gens avaient rejoint le petit bureau au plafond boisé en forme de coque de bateau renversée et dont les murs tendus de soie rose pâle étaient recouverts de rayonnages remplis de livres reliés en cuir enluminés. Sur le mur opposé à l’écritoire en noyer tapissé de feutre et de cuir sur lequel était disposé encrier, papier et plume, une petite niche était creusée, défendue par une porte à deux battants et recouverte d’une fine grille en bronze ornée de fleurs et de branches torsadées.

Anselmo s’approche et entrouvre les deux battants. Six médaillons sont accrochés en cercle et on devine, à la trace qu’il a laissé, que le septième qui avait été placé au centre brille par son absence.

— Regarde Antonella. Je crois qu’Eleana nous a mis sur la piste.

La jeune fille s’approche et pendant qu’elle regarde avec attention un par un les médaillons, son regard brille d’une lueur d’excitation. Un médaillon en particulier ne tarde pas à retenir son attention.

— Regarde ce voilier. Elle s’approche pour distinguer le nom du bateau : Le « Nomade », souffle-t-elle en se retournant. Ce nom de bateau m’évoque quelque chose.
— Oui, le « Nomade » est un navire marchand dont le capitaine s’appelle Sinbad. 

L’histoire raconte que Sinbad revint chez lui après plusieurs années d'absence, durant lesquelles on l'a présumé mort après le naufrage de son bateau. Il porte depuis un bracelet arc-en-ciel, mais ne sait pas pourquoi.
— Tu as raison, s’emporte Antonella. Laisse moi réfléchir. Da Vinci ne nous a-t-il pas parlé de son père, un marin, qu’il aurait rejoint après la mort de sa mère.
— Oui, son nom est Orlov, originaire de la mer Noire. Da Vinci l’aurait rejoint peu après ses seize ans. Probablement après la perte de sa mère, morte de chagrin.
— C’est à cet âge qu’il se venge, en assassinant ce marchand qui abusa de sa mère.
— Tout se recoupe ajoura Anselmo, gagné à son tour par l’excitation de la jeune fille. Il doit alors probablement fuir la justice et l’Italie et décide de rejoindre son père.

Ils observent en silence le médaillon. Le « Nomade » était une goélette en bois de quatre vingt dix pieds qui naviguait toutes voiles dehors. On pouvait observer à la proue du voilier un homme seul scruter la mer.

— J’ai trouvé éclata Antonella. J’ai trouvé. Et elle éxécute dans la pièce un léger entrechat tout en riant aux éclats.
— Qu’as-tu trouvé supplie Anselmo.
— « Sinbad » est l’anagramme de « da Vinci ». Elle s’approche alors de l ‘écritoire, se saisit de la plume qu’elle trempe dans l’encre et elle écrit :

DAVINCI
SINBADI

— Si tu remplaces la lettre V par B, car en arabe la lettre V n’existe pas mais se prononce B quand elle est écrite en latin. Et la lettre C par S, qui se prononce de la même façon alors :
DAVINCI devient CINVADI ou SINBADI.
« Sinbadi » signifie Sinbad en arabe.
Ainsi da Vinci pour échapper à la justice fuit l'Italie et prend le nom de Sinbad the Sailor.
Et elle exécute un nouvel entrechat en riant de nouveau aux éclats.

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