02 mai 2011

Chapitre 32 : Une affaire d'amour

Une fois seule dans la chambre de da Vinci, Antonella dénoua fébrilement le lacet de cuir et de métal qui maintenait fermé le petit carnet noir et se mit aussitôt à lire. La curiosité qui la submergeait l’emportait pour l’instant sur le sentiment de trahison qu’elle ressentait pour avoir ainsi été abandonnée si brutalement

Très chère Antonella,
Vous avez maintenant entre les mains le septième médaillon. Ce qu’il représente scelle l’histoire de ma vie. J’imagine la surprise que vous ressentez à le découvrir mais peut-être êtes-vous aussi déçue ou en plein désarroi.
Sachez que seules deux personnes connaissent ce médaillon et sa signification. L’auteur de la miniature, qui n’est autre que Leonardo da Vinci, et moi même qui lui en a chargé la réalisation. Si vous décidez de taire ce que vous apprendrez vous serez la dernière à connaître cette énigme dont l’Eglise a décidé de percer le secret.
Mais d’ores et déjà, ce médaillon vous appartient. Je vous le cède. Celui-ci ne possède que peu de valeur intrinsèque mais cependant elle est pour moi inestimable. Je vous offre là une partie de moi même, de mon être le plus secret, contenue dans un objet qui ne m’a jamais quitté. Puissiez vous dès lors un jour me pardonner ce que je vous aurez fait endurer.

Vous avez jusqu’à maintenant sut démêler patiemment l’écheveau de cette piètre histoire que j’avais pour vous retracée par jeu à l’aide de ces médaillons qui résument ma vie de marin, une vie passée à dériver entre rêves opiacés et réalités sans lendemain. Puisque votre curiosité pour cette histoire ne s’est pas évanouie malgré les difficultés que j’ai semées sur votre chemin je dois vous rendre grâce et vous en livrer maintenant le dénouement.

Nous savons tous deux que vous êtes venue à Venise pour percer le secret que je partage depuis toujours avec mon ami et presque frère Léonardo da Vinci.
Cette mission vous avait été confiée, je l’ai appris depuis, par le cardinal Bartolomeo di Bariani. L’Eglise n’aime pas être tenue à l’écart des confidences, même si celles-ci n’ont que peu d’importance. Elle interprète tout ce qu’on lui cache, même le secret le plus dérisoire, comme une conspiration contre l’Eglise. Elle a lancé une meutes d’espions afin de percer un secret qui ne le serait pas resté si l’insistance à découvrir ce qui n’est in fine qu’une anecdote d’ordre privé ne nous avait pas incité Leonardo et moi même à ne pas le révéler.
Mais tout cela n’a finalement que peu d’importance.

Le médaillon que vous tenez dans la main apporte en partie la réponse à ce que l’Eglise veut savoir, et si vous avez la patience de lire le piètre conteur que je suis, vous connaîtrez l’histoire qui vous aidera à comprendre ce qui me fait aujourd’hui vous fuir après, je le confesse, avoir fait tout ce qui était en mon modeste pouvoir pour vous séduire. Détestez moi, vous en avez tous les droits. Pourtant, encore une fois, je supplierais à genoux votre pardon.

Antonella reposa le médaillon sur la table après l’avoir observé une dernière fois. Elle en appréciait la facture et au delà de ce qu’il représentait, savoir que le grand Leonardo en était l’auteur la plongeait dans un abîme de stupeur et de fascination. Elle se leva et sortit sur la terrasse. Elle ouvrit de nouveau le carnet. Avant de reprendre le récit, elle songea à ce qu’Eleana lui avait assuré. Da Vinci avait donné des instructions pour qu’elle puisse vivre indéfiniment au palais. Elle regarda les toits de Venise avec un soudain sentiment de nostalgie.
Elle reprit alors sa lecture :

Leonardo et moi avons en commun le fait d’être des bâtards. A l’époque à laquelle où nous sommes nés tous les deux dans ce petit village de Vinci, en Toscane, le mariage était d’abord et avant tout une convention sociale et rarement une affaire d’amour...

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